L’architecture tropicale, c’est aussi dans les Hauts
L’architecture tropicale, c’est aussi dans les Hauts
A l’invitation de l’école d’architecture de La Réunion, une cinquantaine d’étudiants réunionnais, indiens, australiens et sud-africains ont posé leurs crayons à Cilaos pour réfléchir à un hébergement insolite pour les Hauts. Une semaine qui s’est terminée par un Symposium sur l’habitat tropical dans les Hauts où les différents acteurs ont débattu des nombreux problèmes qui parasitent les projets d’habitats collectifs.
L’architecture tropicale, ce n’est pas que dans les Bas… Une vérité qu’il est bon de rappeler de temps en temps et qui a amenée l’école d’architecture du Port à regarder en haut et se transporter pendant une petite semaine du 26 février au 5 mars à Cilaos avec ses étudiants et leurs cousins Australiens, Sud-africains et Indiens. Une cohorte d’une cinquantaine de futurs architectes et ingénieurs accueillie avec bonheur par le maire Paul Técher qui a tenu à rappeler que Cilaos se méritait, entre les 300 virages et les éboulis fréquents sur la RN5.
“Imaginer un hébergement insolite”
Avec l’appui de la DAC-OI, l’école d’architecture de La Réunion avait non seulement invité des élèves ingénieurs de l’ESIROI mais aussi des étudiants et professeurs des écoles d’architectures du réseau IONAS dont La Réunion fait partie: la faculté d’architecture de Sydney, le collège d’architecture de Chandigarh et l’école d’architecture du Cap. Quatre nationalités réunies pendant une petite semaine autour d’une question: imaginer un hébergement touristique insolite pour les Hauts. Le but étant de faire découvrir aux étudiants l’architecture tropicale des Hauts, avec les contraintes climatiques qui lui sont propres.
“Une maquette grandeur nature”
Il ne s’agissait pas seulement de brainstorming, ni de jeter le crayon sur les croquis mais bien aussi de mettre la main à la pâte avec la fabrication d’une maquette grandeur nature…Pour ce prototype à l’échelle 1, tout le monde s’y est mis, les uns débitant en tronçons de 2,50m les sections de bambous, les jeunes ingénieurs s’assurant des meilleurs techniques d’assemblage en tenant compte des phénomènes mécaniques. L’enseignante architecte Jane Coulon et son collègue Malek Dhabi, en présentant le travail de tout le monde en ouverture du symposium sur l’habitat tropical des Hauts le 4 mars dernier s’avouait “très fière du travail” des étudiants et saluait “une belle aventure humaine.”
Pour conclure la semaine, un symposium sur le même thème était organisé toute la journée du vendredi 4 mars où de nombreux intervenants prendront la parole: le secrétaire général des Hauts, le bureau de gestion des risques Socotec, l’architecte Antoine Perrau mais aussi des représentants de bailleurs sociaux.
“Faut-il rappeler que la Réunion est le seul Dom qui possède des zones de froid habitées ?” expliquera en préambule le secrétaire général des Hauts. L’intervention des différents acteurs mettra en avant de nombreux problèmes auxquels sont confrontés les différentes opérations de logements collectifs programmés dans les Hauts: des problématiques d’isolation, de ventilation et de chauffage souvent mal évaluées, des règlementations (RTADOM) et outils (PERENNE) mal adaptés aux problématiques des Hauts, des enveloppes financières qui ne prennent pas en compte les spécificités constructives en altitude, des entreprises pas forcément bien formées, une filière sèche quasi inexistante et des architectes pas toujours au fait des contraintes particulières qu’imposent ces constructions. Les bailleurs évoqueront d’ailleurs quelques opérations catastrophiques qui ont nécessité soit une démolition, soit une réhabilitation quelques années seulement après leur livraison. Heureusement, il sera fait état également de quelques opérations récentes exemplaires… Histoire de montrer que l’architecture tropicale peut aussi se décliner dans les Hauts…
Publié sur Archi.re le 29/03/2006